La France a été secouée par d’autres allégations d’abus endémiques alors que des centaines d’étudiants utilisent les médias sociaux pour nommer et faire honte au prestigieux Institut d’études politiques et à son réseau de dix écoles affiliées.
Sciences Po au cœur de la tourmente
L’université – communément appelée Sciences Po – a commencé à être tendance sur Twitter hier avec le hashtag sciencesporcs. Les étudiants actuels et anciens ont déclenché un torrent d’allégations de viols et d’abus sexuels centré sur l’institution, qui a formé pendant des décennies la crème des politiciens, des mandarins et de l’élite des médias.
L’université était déjà impliquée dans le conflit sur les allégations d’abus qui ont secoué l’establishment français, après que le chef du conseil d’administration de Sciences Po, l’intellectuel Olivier Duhamel, ait été accusé le mois dernier d’avoir abusé sexuellement de son beau-fils.
Olivier Duhamel fait l’objet d’une enquête pénale pour ces allégations, qui remontent à trois décennies mais n’ont été rendues publiques que dans un livre récemment publié, écrit par sa belle-fille, l’avocate et universitaire Camille Kouchner. Des milliers de personnes ont partagé des histoires d’abus sur Twitter avec le hashtag #Metooinceste dans le sillage de ces allégations.
Démissions successives
Le directeur de Sciences Po, Frédéric Mion, a démissionné mercredi après avoir été reproché par des étudiants de nier être au courant des actions de Duhamel, rapporte Euronews. M. Mion a maintenant admis qu’il avait été informé des allégations en 2018, mais n’a pas agi.
Sa démission est intervenue à la suite d’une fuite d’un rapport des enquêteurs de l’Etat qui a révélé qu’un certain nombre de « hauts responsables de l’institut étaient au courant des accusations » contre Duhamel, « tout comme le monde très uni des intellectuels, artistes et politiciens parisiens », selon le Times.
La publication du rapport a accru la pression sur Marc Guillaume qui a démissionné de son poste de membre du conseil d’administration de Sciences Po après avoir reconnu qu’il était également au courant de l’affaire Duhamel.
Pendant ce temps, un autre diplômé de Sciences Po, le directeur du Centre national du cinéma Dominique Boutonnat, a été inculpé par le procureur de la République hier pour tentative de viol de son filleul.
Alors que le scandale continue de s’aggraver, les militants qui réclament des lois plus sévères en matière de maltraitance des enfants demandent une action urgente d’Emmanuel Macron, qui, comme quatre des six présidents français qui l’ont précédé, a également fréquenté Sciences Po.